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Evaluation Technique Pre-Electorale au Gabon du 8 au 25 Octobre 1998

RESUME

En mai 1998, le gouvernement gabonais et plusieurs partis politiques de l'opposition ont aborde la Fondation internationale pour les systèmes électoraux (IFES) afin de demander de l'aide pour les élections présidentielles du mois de décembre de cette même année. Apres avoir soigneusement étudie l'environnement politique du Gabon, I'IFES a détermine qu'il conviendrait de procéder a une évaluation technique préélectorale afin de déterminer la capacité du pays à organiser et mener des élections libres et démocratiques, ainsi que d'identifier les besoins spécifiques pour les élections en question. Le gouvernement gabonais et l'opposition ont applaudi l'annonce de I'IFES au sujet d'une mission d'évaluation technique préélectorale dont le financement a été effectue par l'Agence des Etats-Unis pour le développement international (USAID) par le biais du Consortium for Elections and Political Process Strengthening (CEPPS).

 

Au cours des 17 jours (du 8 au 25 octobre) qU'elle a passe au Gabon, l'équipe de 5 personnes s'est rendue à Libreville et dans les capitales de provinces, nommément Port-Gentil, Oyem et Franceville. Afin de fournir une analyse technique des préparations pour les élections à venir, l'équipe de I'IFES a rencontre des représentants des partis politiques, des candidats a la présidence et des missions diplomatiques au Gabon. Elle a également rencontre des leaders d'action civique, y compris des représentants de syndicats, d'associations professionnelles et d'institutions religieuses. Elle a enfin analyse tous les documents légaux à sa disposition, dont la constitution gabonaise, le code électoral et les décrets lies au processus électoral.

 

Avant son départ du Gabon, l'équipe de I'IFES a remis un rapport d'évaluation préliminaire et un ensemble de recommandations au gouvernement gabonais, aux partis politiques et aux donateurs internationaux. Le présent document représente une version finale de ce rapport.

 

L’élection présidentielle de décembre 1998 représentait pour le gouvernement gabonais l'occasion de prouver l'existence d'une véritable transparence dans l'administration de ses processus politiques et de renforcer son rôle de leader de la région. Le président Omar Bongo est apparu comme un personnage politique important en Afrique et a fait preuve de son habileté diplomatique afin de faire progresser la résolution de conflits aussi anciens que complexes, surtout en Angola et en République Démocratique du Congo. Une élection bien organisée renforcerait l'image du président Bongo en tant que dirigeant moderne et progressiste. Par contre, si elle est contestée et gâchée par une mauvaise organisation ou des pratiques frauduleuses, cette élection risquerait de nuire au rôle naissant du Gabon en tant que leader de la région.

 

Dans son rapport de 1993, rédige sept mois avant les premières élections multipartites au Gabon, l'IFES avait fait remarquer que ces élections « mettraient a l'épreuve l'engagement du régime qui gouverne Le pays depuis un quart de siècle». Les observateurs indépendants et une partie considérable de l'électorat gabonais conclurent à un échec du test. Les élections de 1993 furent troublées par de graves irrégularités à tous les niveaux et marquèrent Le début d'une période d'instabilité et de violence politique.

 

Les élections municipales et législatives qui suivirent furent également caractérisées par le désordre, violence et une mauvaise organisation. La majorité et l'opposition furent toutes les deux soupçonnées d'actes frauduleux, ce qui entraina une perte de la confiance des Gabonais dans leurs institutions démocratiques naissantes. L'apathie de l'électorat est aujourd'hui considérable et les partis politiques, Le gouvernement et la société civile semblent tous manquer de programmes d'éducation civique efficaces et capables de dissiper Le malaise général. II n'existe aucune raison de douter de la capacité du Gabon à organiser des élections libres et justes. II s'agit d'un petit pays pourvu de moyens internes de transport et de communication assez développes. Les ressources humaines et financières requises pour la réussite de ces élections sont également disponibles. La scène politique comprend un cadre d'institutions démocratiques, y compris des partis politiques fonctionnant dans toutes les régions du pays et des organismes de réglementation nationaux. L'équipe de I'IFES a surtout examine (a) l'empressement du gouvernement a établir un cadre équitable pour les élections et a cesser d'utiliser son pouvoir et ses ressources considérables afin d'influencer Le processus électoral en sa faveur ; et (b) la capacité des institutions impliquées dans les élections (et tout particulièrement Le ministère de l'Intérieur, l'ordre judiciaire et la Commission nationale électorale) a fonctionner indépendamment plutôt que comme agents d'un parti politique spécifique.

 

D'âpres l'équipe de I'IFES, si Le gouvernement n'intervient pas de manière précise et rapide, Le décor est plante pour donner lieu une fois de plus au chaos et au désordre des élections précédentes, ainsi qu'aux allégations de fraude et de manipulation qui ont entraine Le désillusionnement et la montée de violence dans les zones urbaines. Nombre des problèmes mentionnes dans Le rapport de l'IFES de 1993 étaient toujours présents fin octobre \998, y compris les disputes relatives aux listes électorales, Le manque d'efficacité et de préparation de la Commission nationale électorale, et la carence de programmes d'éducation civique cohérents. Ces problèmes réduisent les chances des élections présidentielles d'être considérées, au Gabon comme al’ étranger, comme une expression crédible de la volonté du peuple gabonais.

 

Le système politique du pays crée un environnement considérablement avantageux pour Le parti majoritaire. Même si les institutions électorales sont en principe neutres, leur composition réelle remet leur neutralité en question. De plus, la faiblesse de la société civile et l'accès inégal aux media de l'Etat réduisent encore les chances de voir des élections légitimes.

 

Cependant, il existe quelques signes positifs. Le compromis entre Le gouvernement et l'opposition au sujet de la réouverture de la liste électorale, ainsi que Le nombre de représentants de divers partis politiques a la Commission nationale électorale représentent des points encourageants. Toutefois, l'expulsion du pays de représentants du GERDDES-Togo, groupe d'observation des élections, a fait planer de sérieux doutes sur l'engagement du gouvernement à permettre aux observateurs étrangers d'examiner le processus électoral et de le commenter en toute liberté.   

 

 

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